Au détour de la rivière... [Liiiibre !!]

Dixys trottait sur les terres vastes de la famille Tornfield. De toute façons, peu lui importait qu'elle soit dans une famille ou une autre. tant qu'elle avait des personnes sur qui s'appuyer, tout allait bien. Les arbres défilaient autour d'elle, elle était dans la forêt. Bientôt, la rive droite serait à proximité et elle pourrait allègrement s'abreuver de l'eau fraîche. La rive sur symbolique que traverser pouvait représenter un drame et une trahison. Bien sûr, notre jolie jument ne la traverserait pas, pour ne pas être ballottée de ci de là, d'une famille à l'autre, pour finalement être rejetée de tous bords. La Haflinger s'arrêta à la lisière de la forêt, ses oreilles tournantes. Le vent qui agitait sa crinière la laissait sans mot, insensible. Un bruit comme un cheval qui entrait dans l'eau lui parvenait. Seul une ouïe de cheval aurait pu percevoir ça. Dixys releva son joli porte de tête et fonça vers la rive droite, d'où parvenait le bruit d'après son ouïe. Arrivée à la rivière, elle pu voir un magnifique étalon palomino dans une drôle de position. La jolie jument s'approche et sourit à l'étalon, lui adressant un joli regard.

"Salut ! Est-ce que ça va ? Qu'est-ce qui t'amène ici ?"

La jument fixait le palomino, l'observant sous toutes les coutures. Sa belle robe claire, ses sabots contrastant parfaitement avec sa robe. De jolis yeux, une musculature bien formée. Toutefois, Dixys ne semblait jamais l'avoir vu, cet étalon. Jamais.

Chronos se détendit. Il n'aurait pu dire pourquoi, mais la compagnie des juments le mettait moins mal à l'aise que celle des étalons. Un peu. (en fait, il savait très bien pourquoi, mais préférais l'oublier). Celle-là était, en plus, du même bord que lui. Sous la protection de Cyrus, ou du moins sur le territoire qu'il occupait avec sa famille. Et en plus, elle semblait plutôt amicale ! Parfait. On se sent toujours plus en sécurité face à quelqu'un qui sourit, pas vrai ?

Chronos la détailla de plus près. Une jument haflinger, plus petite que lui, avec une robe plus foncée et des crins plus fournis. Il s'amusa à remarquer que la couleur de ses crins était presque la même que son palomino à lui. Mais les couleurs et les apparences, ça ne veut rien dire.

"Eh bien... j'avais envie de me baigner, de boire un peu... ce genre de trucs, quoi. Et toi ? oh, et je m'appelle Chronos."

Certes, l'intéressée avait une voix agréable, mais Chronos remarqua qu'elle ne lui avait pas dit son nom. Les apparences sont trompeuses, et il est facile de faire semblant de sourire ; mais un nom, même inventé, c'est plus dur à donner. C'est stupide, mais la boule d'angoisse dans le ventre de l'étalon, qui ne le quittait jamais lorsqu'il rencontrait quelqu'un, se mit à grossir. Chronos plaqua à nouveau sa queue contre ses fesses par réflexe et fit quelques pas en arrière, mine de rien. Son visage restait impassible, mais ni ses yeux ni sa queue ne pouvaient mentir. Il était né honnête, rond dans un monde carré.