Incurable Disease | Daffodils Won't Flower

Incurable Disease

Bimilie Salang s'avança à petit pas prudent le long du lac, hésitant à s'approcher de la rive. Elle n'avait pas peur de l'eau et savait parfaitement nager mais elle n'était pas certaine que le fond soit sans danger et la température acceptable. Cependant la tentation était forte et elle devait avouer avoir soif. S'approchant donc prudemment, la petite jument palomino tendit son encolure au maximum et effleura la surface de l'eau de ses naseaux, frissonnant en la découvrant fraîche avant de plonger son regard brun dans le lac pour apercevoir un fond sablonneux. S'avançant avec moins de crainte mais toujours un peu de méfiance, elle tâtonna le fond de ses petits sabots et finit par déduire que ce n'était pas trop vaseux, s'autorisant donc à avancer jusqu'à avoir de l'eau à hauteur de poitrail et buvant à longues gorgées. Un peu indisposée par la température, Bimilie remua un instant dans l'eau, finissant par reprendre son avancée le long du lac tout en restant proche du bord, s'amusant parfois à arroser une touffe d'herbe d'un coup de tête ou à cracher de l'eau sur un rocher. Se tirant finalement du lac pour aller s'ébrouer puis se rouler dans l'herbe et paresser au soleil en attendant de sécher, la jeune jument rua quelques coups avant de piquer un galop énergique, s'arrêtant brusquement et se cabrant à demi avant de rester immobile, les oreilles pointées en avant et les naseaux dilatés. Une odeur lui parvenait, une odeur qu'elle ne connaissait pas. Hennissant pour inviter l'inconnu à se dévoiler, Bimilie Salang se crispa un peu, prête à fuir si ce qu'elle sentait était une menace.

Incurable Disease
Bimilie Salang & Daffodils Won't Flower

Bravant les règles tacitement édictées entre les deux familles, Daffodils avait traversé la rivière. Connaissant depuis longtemps un passage moins profond que les autres, elle était parvenue sur les terres des Tornfield en ne se mouillant que modérément. Et, même si elle avait du nager et se mouiller entièrement, elle l'aurait fait. La raison de sa traversée était loin d'être dans un unique but de tourisme...

Elle n'avait aucune idée de l'endroit où ils pouvaient être. Son père, comme d'habitude, devait paresser dans les plaines. Mais... son fils ? Et sa meilleure amie, qui prenait soin de lui ? Eux, elle ne les fuyait pas. Elle leur rendait visite régulièrement, se fichant bien de ce qu'il se passerait si on sentait sur elle l'odeur caractéristique de la rive gauche. Le jeu en valait la chandelle.

S'aventurant du côté du lac, elle fut surprise par un hennissement. Ne reconnaissant pas l'odeur sucrée de son fils, elle en déduit vite qu'elle allait se retrouver en face d'un habitant de ces terres. Bon, c'était la première fois qu'elle était surprise. Avec le jeu du destin, peut-être aurait-elle de la chance...
S'avançant, sortant des buissons environnants qui la cachaient de par sa petite taille, elle émergea le long de la rive. Jetant un coup d’œil à l'étendue limpide, elle reporta vite son regard sur l'inconnue. Une jolie palomino, dont la robe miroitait joliment sous le soleil de début de printemps. Daffodils baissa un peu la tête afin de lui montrer qu'elle n'était pas là pour lui faire peur, et encore moins pour se montrer dangereuse. De sa petite voix fluette harmonisée avec son physique petit et pelucheux, elle prit l'initiative de se présenter.
"" - Excusez-moi, je n'avais nulle intention de vous faire peur. Mon nom est Daffodils.

Une peluche se présenta devant ses yeux. La petite palomino sourit, rassurée. Elle ne risquait rien face à une jument aussi menue qu'elle si ce n'était plus et sa prise de parole était loin d'être agressive. Hochant donc la tête pour lui signifier qu'elle n'avait pas eu peur, elle s'approcha sans crainte et lui sourit un peu plus, ses prunelles chocolatés pétillant de miles pépites de bonne humeur. Bimilie n'était pas de ceux qui cherchaient le conflit et si l'odeur caractéristique de l'inconnue appartenait à la rive gauche, cela n'allait pas changer sa nature. Elle n'était pas belliqueuse et trouvait le conflit puéril, ne comprenant pas qu'un frère puisse haïr sa soeur pour trouver l'amour. Même une possessivité exagérée ne pouvait rompre de tels liens, si ? Bimilie Salang n'en savait rien, elle n'avait ni frère ni soeur mais quels que soient les choix de ses parents, elle ne leur en tenait pas rigueur, aussi délicate soit sa position à cause de leurs statuts de solitaire et vagabonde. Non vraiment, la palomino ne comprenait pas et n'était pas sûr de vouloir comprendre un jour. Préférant plutôt répondre à Daffoldis, elle reporta son attention sur elle.

« Je n'ai pas vraiment eu peur, rassurez vous. Je me nomme Bimilie Salang, enchantée de vous rencontrer. Si je peux me permettre, j'envie votre robe, elle est magnifique ! »

Elle n'en détestait pas la sienne pour autant et appréciait sa propre blondeur mais la robe pelucheuse de Daffoldis était vraiment adorable et tout à fait enviable. Bimilie la contempla encore un instant avant de se reprendre, ne voulant pas la mettre mal à l'aise. Jetant quelques coups d'oeils anxieux autour d'elles, elle espéra qu'aucun Tornfield ne traînasse dans les parages, ne voulant pas que sa rencontre soit écourtée par une guéguerre stupide.

Incurable Disease
Bimilie Salang & Daffodils Won't Flower

En entendant le compliment de la jument, Daffodils tourna un instant la tête pour s'observer. Elle prenait tellement peu soin d'elle qu'elle n'avait aucune conscience de son corps. Elle n'était guère plus qu'une enveloppe charnelle, avec un esprit trop torturé pour être capable de remarquer ce genre de futilités.
Son poil d'hiver n'était pas encore tombé, et elle ressemblait à une grosse masse de poils. Elle savait que même en été elle paraissait pelucheuse, mais plus encore en ce moment. Avec un énième souffle sur son toupet trop long à son goût, elle regarda Bimilie avec un franc sourire.

La petite fjord s'approcha de son interlocutrice et vont souffler délicatement sur son chanfrein. Sa manière à elle de la remercier, avec toute la politesse et la retenue qui caractérisaient Daffodils.
La ponette laissait ses oreilles traîner, afin d'entendre l'arrivée éventuelle de quelqu'un d'autre. Bimilie avait forcément compris qu'elle n'était pas sur son territoire habituel, mais n'avait pas fait mine de s'en outrager. Soulagée, la tension n'était pourtant pas retombée. Si le territoire était vaste, il était aussi peuplé. En espérant que l'heure encore un peu matinale retiendrait les curieux.
"" - Vous êtes seule ?

Daffodils ne pouvait qu'en être étonnée, elle qui avait l'habitude de voir passer des groupes entiers de chevaux. Des amis, des parents. Des mères avec leurs poulains... Son cœur se serra en pensant au sien, qu'elle avait lâchement abandonné en traversant la rivière. Elle, elle avait l'habitude d'être seule, d'errer sans but. Et cela l'étonnait que d'autres équidés puisse apprécier à ce point une solitude qui, dans son cas, lui pesait davantage de jour en jour.

Le franc sourire de Daffoldis étira le sien et Bimilie l'observa approcher sans crainte, ses grandes prunelles brunes s'attardant sur son poil pelucheux. Frissonnant sous son souffle, elle lui sourit un peu plus pour lui signifier que le compliment était des plus sincères et que la remercier n'était pas exigé. Mais le geste la touchait et la palomino papillonna un instant des paupières, savourant la chaleur du soleil sur son petit corps, pas mécontente de cette rencontre matinale. Enfin un équidé qui, loin de lancer d'horribles piques sous prétexte d'avoir juré allégeance à une famille, se comportait normalement, en digne animal grégaire et amical qu'ils étaient sensés être, eux les chevaux. Bimilie Salang avait souvent été seule et abandonnée à cause de son ascendance qui ne plaisait pas, de son choix qu'elle n'expliquait plus car les Rockwell s'en offensaient. La solitude lui pesait et d'autant plus lorsqu'elle voyait les familles unies dans l'adversité, enviant leurs liens mais déplorant leur guerre.

« Oui, la compagnie des Tornfield m'est souvent refusée. Si j'ai préféré la rive droite, cela ne m'a pas offert la préférence de la famille de Cyrus et ma propre ascendance ne m'y aide pas -mes parents sont des solitaires et vagabonds-. Mieux vaut être seul que mal accompagné dira-t-on. Puis-je vous demander ce que vous en pensez de ce proverbe, vous qui êtes seule aussi ? » elle sourit faiblement. « Mais je suis bien contente de croiser âme qui vive. Si je puis me permettre, pourquoi prenez vous le risque de traverser la rivière ? »

Elle-même donnait raison au proverbe tout en regrettant parfois de le suivre. Mais la célèbre phrase n'était plus à l'ordre du jour, Bimilie Salang avait dorénavant une compagnie et celle-ci défiait les lois du mauvais accompagnateur. Selon les Tornfield elle était mal accompagnée mais selon elle, la rencontre était des plus intéressante. Une jument des Lexas venue seule sur les terres de Yentucky, voilà qui était curieux.

» I bring you daffodils but they won't flower like they did last spring |A finir|

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée