Tears Stole the Heart | Aramis

Tears Stole the Heart

Bimilie Salang frissonna, le corps frigorifié par l'humidité qui ne la quittait pas. Elle avait courageusement franchit la rivière comme l'avait fait Daffoldis en sens inverse, refusant de se plier aux limites et règles qui régnaient sur les terres de Wargame. Pourquoi se cantonner à la rive droite alors que la gauche était praticable ? Pourquoi se battre avec des êtres parfois tout à fait étrangers au conflit opposant les deux chefs de famille ? C'était puéril et elle ne serait pas puérile. Ou du moins pas pour cette raison. Avançant donc en frémissant sur les terres des Rockwell, elle redressa fièrement la tête et sentit une énième goutte d'eau rouler sur sa robe palomino, s'ébrouant dans l'espoir de ne plus avoir froid. Bimilie s'autorisa une courte pause le temps de se rouler dans l'herbe pour échapper à la fraîcheur laissée par la rivière sur sa corps, espérant ne pas avoir gagné des éternuements en échange de son audace. Se relevant prestement et reprenant sa marche avec enthousiasme, elle piqua un petit galop pour se réchauffer et ne tarda pas à perdre de vue la rive, un peu désorientée mais sûrement pas décidée à revenir sur ses pas. De toute façon elle serait raccompagnée dans les règles de l'art vers la rive droite si elle croisait qui que se soit. Ne s'en inquiétant donc pas plus, la petite jument préféra se laisser aller à observer le paysage inconnu, un air rêveur sur le visage.

Début le début, il l'observait. Il observait la jument passer la rivière, aller du territoire ennemi au Lexas. C'était une belle jument alezane, une intrépide. Visiblement, le courage ne lui manquait pas, ou alors elle ignorait tout de ce qu'il pouvait lui arriver. À jouer les intrépides, elle allait perdre à son propre jeu. Mais le chef de famille se résigna à l'interpeller quand il la vit partir au galop dans le sens opposer. Il sortit tout de même des fourrés où il s'était caché, et marcha d'un pas tranquille vers l'alezane.

Il choisit le moment où elle se fit plus calme pour l'aborder. Il aurait voulu lui faire peur, mais déclarer la guerre à Cyrus en ces temps n'était pas une très bonne idée. Il opta alors pour une manière plus ou moins douce, mais sans pour autant la chercher.

- Il est déconseillé de venir sur le Lexas lorsque l'on vient des Tornfield, jeune demoiselle.

Il se tenait là, derrière elle. L'ébène la regardait sous tout ses angles, et remarqua qu'elle n'était pas de plus désagréables à regarder. Mais il ne pouvait pas se permettre ça.

Bimilie Salang sursauta violemment, surprise par la voix inconnue. Cela venait de derrière elle... Etait-ce sa fin ? La grande faucheuse venait-elle lui ôter ses quatre petites années de vie avec sa voix d'outre tombe ? Le coeur battant à la chamade, la palomino frissonna de peur et n'osa pas se retourner, croyant déjà sentir les longs doigts fins de la mort s'enrouler autour d'elle pour l'entraîner dans la nuit éternelle, se rendant finalement compte que la seule chose froide qu'elle sentait sur elle était son poil humide. Et la frayeur, accessoirement. Ce n'était pas vraiment physique, juste une émotion, une sensation. Sortant brutalement de ses pensées pour se demander qui était derrière elle si ce n'était pas la grande faucheuse, Bimilie se retourna sans attendre et découvrit avec stupeur un imposant étalon noir qui sentait les Rockwell à plein nez. Reculant et manquant de trébucher, elle s'immobilisa finalement, se redressant et lui lançant un regard peu amène.

« Et vous savez quoi ? Il est déconseillé de contrarier une jeune demoiselle qui se promène paisiblement sur des jolies terres. En plus vous m'avez fait peur. »

Le couvant d'un regard accusateur, elle laissa un instant ses prunelles sombres glisser le long du corps de l'étalon, se demandant qui il était pour venir lui faire peur ainsi et vouloir l'écarter du joli paysage. Ce qu'ils l'agaçaient avec leurs histoires de terres !

« Et vous savez quoi ? Il est déconseillé de contrarier une jeune demoiselle qui se promène paisiblement sur des jolies terres. En plus vous m'avez fait peur. »

C'était une des premières fois si ce n'était pas la première où un équidé osait lui tenir tête. Une jument, en plus. Et Aramis en avait pris un coup sur son honneur et sa fierté. Visiblement, l'alezane ne savait à qui elle avait à faire. Peut-être n'était-elle pas au courant de ce qui pouvait bien se passer entre les deux territoires ? C'était presque impossible, les deux étalons n'avaient rien fait pour cacher leur envie de s'entretuer. Et ils ne comptaient pas le faire, de toute façon.
L'ébène plaqua ses oreilles en arrière, n'ayant pas apprécié le ton dont la jument lui avait répondu. Néanmoins, elle avait parlé de "jolies terres". Intéressant, alors les terres du Lexas attiraient les équidés venants du Yentucky ? Visiblement oui, et Aramis en fut tout enchanté wmême s'il gardait son aire sérieux et sévère. Toujours cloîtrer dans son égoïsme surdimensionné, le chef de famille s'était rendu fier à s'en jeter des roses en lui-même. Égoïste, et fier de l'être.

- Il semblerait que vous ignorez tout de l'identité de celui qui se trouve en face de vous. J'en suis désolé.

Il se mît à sourire du coin de la lèvre, regardant la jument d'un air hautin. Après tout, elle lui devait le respect, et qu'elle le veuille ou non, il en était ainsi et pas autrement. Et s'il devrait le lui rappeler, il le ferait, non pas de la manière la plus douce. Sur des terres comme celles qu'elle jonchait, on ne changeait pas les règles. On ne faisait que se plier aux ordres et lois imposées par les supérieurs. Et ce n'était pas demain la veille que les lois d'Aramis Rockwell changeraient. Et si ça ne lui convenait pas, la jument n'avait qu'à faire demi-tour et retourner sur les terres d'un traître dont elle ignorait l'identité et le pouvoir. Merde. Le noiraud n'hésiterait pas une seconde à lui botter la croupe pour ça, ô que non. On ne tient pas tête, même pour prouver son audace et son courage à Aramis Rockwell.

Bimilie Salang j'en voulu un peu d'avoir été si sèche mais l'étalon lui avait vraiment fait peur et elle peinait à se remettre de son émotion, tout comme l'accueil n'était pas agréable. Ce qu'ils lui cassaient les pieds avec leurs histoires de territoires ! Elle aurait mieux fait d'être solitaire comme ses parents, pour contrarier les deux partis en vagabondant où bon lui semblerait. Mais elle avait voulu échapper aux problèmes, au moins d'un côté, et elle avait choisi le Yentucky et les Tornfield parce que les raisons d'Aramis Rockwell lui semblaient puériles. La palomino n'avait d'ailleurs aucune idée d'à qui elle s'adressait, cet étalon qu'elle pensait pourtant ridicule. Pas qu'elle se fiche de la personne à qui elle faisait face mais elle était braquée et n'avait pas vraiment d'intérêt pour ce goujat qui venait l'agresser. Voulant donc fuir sa désagréable compagnie en s'éloignant, Bimilie allait contourner l'inconnu lorsque ses paroles lui volèrent un regard intrigué. Qui pouvait être le noir pour tenir de tels propos ? C'était prétentieux et arrogant ! Se tournant donc un peu plus vers lui, daignant tout de même à regarder son interlocuteur, elle répondit sans détour.

« Je me complais dans mon ignorance, monsieur. Ne soyez pas désolé pour cette pauvresse qui se satisfait de savoir qu'elle ne sait rien, cette connaissance se suffit à elle-même. »

S'étant ainsi tournée en dérision pour souligner l'arrogance de l'autre qui n'avait pas sa place dans leur rencontre malheureuse selon elle, Bimilie Salang lui lança un regard méprisant et se mordit les lèvres pour contenir les remords lui venant déjà, mal à l'aise face à son propre comportement. Elle n'était pas comme ça mais l'inconnu ne la brossait vraiment pas dans le sens du poil.

Aramis esquissa un sourire hautin face à l'attitude de la belle jument. Alors elle ignorait tout de lui ? Quelle prétentieuse. Et elle osait lui parler de la sorte ? Sur ces terres, on fait attention à qui on parle quand on ne sait pas reconnaître Aramis Rockwell. Manque de chance, elle était tombée sur lui, en chair et en os. Elle était sûrement des Tornfield pour lancer de tels regards à un étalon noir comme la suie. C'était tout du Cyrus, ça, regarder les autres d'un air des plus prétentieux.
Le Rockwell cracha dans la rivière. Quelle insolence ... Elle aurait dû être punie pour ses actes, et l'étalon se demandait pourquoi il ne l'avait pas fait plus tôt.

- Si le nom d'Aramis Rockwell ne te dit rien, pars, avant que je crache, sur toi cette fois-ci.

Volontairement, il cherchait à l'impressionner, à l'intimider. Il fallait qu'elle comprenne qu'ici, elle ne faisait pas et elle ne disait pas ce qu'elle voulait. Les jeunes n'avaient donc plus aucune éducation ?
De toute façon, il savait qu'elle ne partirait pas, puisqu'elle avait déjà entendu son nom, au moins une fois dans sa vie. Ce nom qui en disait tant sur l'histoire des terres qu'elle piétinait de ses petits sabots. Elle ne savait rien de ce qu'il s'était réellement passé, et elle se croyait plus forte, elle était là, à le regarder d'un air hautin, capricieux. Si l'étalon ne lui avait pas trouvé ce je-ne-ne-sais-quoi qui lui donnait un charme fou, il aurait pu la traiter de peste.

S'avançant face à elle, il s'en approcha du plus près qu'il pouvait, sa tête presque collée à la sienne. Son regard noir la dévisageait, cherchant à faire sentir chez elle cette touche de peur qui amène le frisson.

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